Ce 6 juin 2019 marque le 75e anniversaire du débarquement des Alliés sur les plages de Normandie, qui lançait la reconquête de l’Europe asservie par les Nazis. Un fait historique recréé par Spielberg dans une séquence d’anthologie.

Quelques semaines avant le déclenchement de la plus gigantesque opération militaire amphibie de l’Histoire le 6 juin 1944, dont on célèbre aujourd’hui même le 75e anniversaire, le général allemand Erwin Rommel, en charge du groupe d’armée B basé en Normandie, écrit à sa femme. “Les Alliés doivent débarquer, c’est un fait. Mais les 24 heures précédant l’invasion seront primordiales. Pour nous, comme pour les Alliés, ce sera le jour le plus long…” Des propos entrés depuis dans l’Histoire.

Si le débarquement des Alliés s’illustre dans le film sorti en 1962 et qui porte le même titre que les écrits de Rommel, on songe surtout à la désormais célébrissime séquence d’ouverture du chef-d’oeuvre de Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan. Une hallucinante plongée en apnée de 27 minutes, où les G.I, fraîchement débarqués sur la plage d’Omaha Beach, se font tailler en pièces.

Omaha Beach, surnommée Bloody Omaha, est la plage du débarquement de Normandie qui a provoqué le plus lourd bilan des pertes du Jour J (30 % du total des pertes du 6 juin) et elle partage avec Juno Beach, le taux de pertes le plus fort avec près de 8 % des effectifs débarqués dont beaucoup par noyade. 1 000 Américains sont tués et 2 000 blessés sur Omaha (le bilan précis reste inconnu), 90 % des hommes de la première vague étant tués ou blessés.

Une expérience viscérale, morale et humaine

C’est avant tout l’expérience humaine et morale de la guerre qui intéressait Steven Spielberg. “La période 39-45 m’obsède, car l’Amérique, qui avait déjà perdu son innocence plusieurs fois, l’a abandonnée à jamais pendant la Seconde guerre mondiale” expliquait le cinéaste dans une interview accordée à L’Express en septembre 1998, à propos du film. “Je voulais rendre hommage à tous ces jeunes garçons qui n’avaient jamais quitté leur ville, ne parlaient pas d’autre langue que l’anglais, et ont été jetés directement sur Omaha Beach. Je voulais illustrer le choc brutal des cultures”. Et d’ajouter :  “Je ne voulais pas venir avec mon équipe pour glorifier ce qui s’est passé. J’ai essayé de rester fidèle et cru”. Le credo était simple : livrer un film de guerre ultra réaliste et sans concession. A des années lumière du débarquement du Jour le plus long, même si ce dernier est devenu au fil des ans un classique.

Ci-dessous, la séquence en question…

Il a fallu quatre semaines de tournage pour mettre en boîte cette séquence d’anthologie. Filmée en Irlande avec plus de 1000 figurants, dont 250 soldats de l’armée irlandaise (et même une trentaine de personnes amputées jouant des soldats mutilés), 2000 armes dont 250 fonctionnelles, auxquelles on a même joint deux vraies barges de débarquement de la Seconde guerre mondiale, la séquence a coûté la bagatelle de 11 millions de dollars, sur un budget de production global de 70 millions pour l’ensemble du film.

Le résultat visuel et sonore, décuplé par le travail tout particulier effectué sur le Design du son avec les impacts  des balles déchiquetant les chairs, fut foudroyant pour les vétérans du D-Day qui découvrirent le film à sa sortie. Au point qu’un numéro spécial de téléphone fut mis en place par le Department of Veteran Affairs américain (l’équivalent de notre Secrétariat d’Etat aux anciens combattants) pour recueillir la parole de ces soldats traumatisés par le film, qui venait brusquement de raviver de douloureux souvenirs.

In Fine, Spielberg a bien retenu les conseils avisés du grand Samuel Fuller : “si tu fais un film de guerre, joue le réalisme” lui soufflait le réalisateur d’Au-delà de la gloire…

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