En France, les médecins généralistes sont vieux et de moins en moins nombreux. C’est le constat inquiétant que dresse l’Atlas 2015 de la démographie médicale présenté mardi par le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) à Paris.

L'Atlas 2015 de la démographie médicale révèle que plus du quart (26,4 %) des médecins traitants ont 60 ans ou plus, la moyenne étant de 51,5 ans.

Les médecins à la retraite continuent de travaillerLa France comptait 281 087 médecins (généralistes et spécialistes), actifs et retraités, au 1er janvier 2015, soit 1,7 % de plus par rapport à l’année précédente. Cet effectif est cependant “gonflé“ par le nombre de médecins à la retraite. En 2015, 65 548 “retraités actifs“ continuent d’exercer, “par attachement à ce métier, qui n’est pas fait que de larmes, de sueur et de sang“, souligne Jean-François Rault, président du département de santé publique et démographie médicale du Cnom. Leur nombre a également augmenté avec le déplafonnement fiscal de l’activité instauré en 2011 pour pallier le manque de médecins. Quant au nombre des médecins en activité régulière, c’est-à-dire exerçant au même endroit, hors remplaçants ou temporairement sans activité, il s’élevait début 2015 à 198 365, en légère baisse par rapport à l’année précédente (198 760).La Picardie, région la moins bien dotée en médecins généralistesL’édition 2015 de l’Atlas confirme de fortes disparités régionales. Ainsi, huit régions affichent une densité médicale supérieure à la moyenne nationale de 281,4 médecins pour 100 000 habitants. A l’inverse, certaines régions peu attractives manquent de

médecins traitants, comme la Picardie, région la moins bien dotée (pour la deuxième année consécutive) avec 230,9 médecins pour 100 000 habitants, devant le Centre (235,3).L’Ile-de-France enregistre la plus forte baisse d’effectifs (-6 %) entre 2007 et 2015, en raison notamment du prix des loyers.Dans les zones rurales, “la lassitude, l’isolement, le

burn-out“ peuvent conduire un praticien à mettre la clé sous la porte, explique le Dr Olivier Véran, député socialiste de l’Isère, rapporteur du premier volet de la loi de santé. Malgré cette baisse, “le nombre de médecins en France est suffisant si l’on organise mieux la pratique“, affirme de son côté, Dominique Polton, conseillère de la direction de la CNAMTS.De plus en plus de femmes praticiennesAutre enseignement de ce tableau annuel, les médecins en activité régulière vieillissent. L’âge médian (autant de médecins sont plus jeunes et autant plus âgés) est passé de 40 ans en 1990 à 53 ans en 2015, et plus du quart (26,4 %) ont 60 ans ou plus.Bonne nouvelle, la population de médecins se féminise avec 36 % de femmes praticiennes, contre 29 % en 2007.Le nombre de médecins a baissé de 10,3 % en 8 ansQualifiés de “pivots“ du système de santé par leur ministre de tutelle Marisol Touraine, les médecins traitants ont été placés au centre des “soins de premier recours“ dans la stratégie nationale de santé. Pourtant, les médecins généralistes sont de moins en moins nombreux : 58 104 en 2015, un chiffre en baisse de 10,3 % depuis 2007. “Nous entrons dans une nouvelle ère, les médecins veulent une meilleure qualité de vie“, explique le Dr Patrick Romestang, membre du Cnom.Réunis mardi, les médecins ont ouvert des pistes pour améliorer les conditions de travail du médecin de demain : maisons de santé pluridisciplinaires ou cabinet de groupe, permettant de rompre l’isolement des médecins et d’alléger le travail administratif. “Les étudiants ne savent plus ce qu’est le métier de médecin généraliste“Si les étudiants désertent la médecine générale, c’est pour se tourner vers la spécialisation.  Le nombre de chirurgiens a ainsi augmenté de 25,7 % depuis 2007. Pour ceux qui ont en assez d’attendre des mois pour avoir un rendez-vous chez un

ophtalmologue ou chez un

gynécologue, vous devrez vous montrer encore plus patients à l’avenir puisque ces deux spécialisations n’attirent plus les étudiants et tendent à se raréfier dans certaines zones de France. Le nombre de gynécologues a ainsi baissé de plus de 30 % entre 2008 et 2015, passant de 3 229 à 2 217.“Attention à l’hyperspécialisation galopante qui diminue l’accès aux soins de premier recours“, met en garde Jean-Yves Grall, directeur de l’ARS Nord-Pas-de-Calais. Pour Jean-François Rault, “les étudiants ne savent plus ce que c’est que le métier de médecin généraliste“. Un mal qui pourrait selon lui se guérir facilement “par des stages de fin d’études dans le cabinet d’un généraliste qui, avec un peu de chance, trouverait ainsi son successeur“. AFP/RelaxnewsSource :

Atlas de la démographie médicale en France, situation au 1er janvier 2015, Conseil national de l’Ordre des médecins, juin 2015.

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