L’intérêt du jus de canneberge (ou cranberry) en prévention des infections urinaires est totalement remis en cause dans une analyse de 24 études publiée par la revue Cochrane Library. Si bénéfice il y a, celui-ci serait très minime et nécessiterait une consommation très importante de jus de canneberge pendant très longtemps, estiment ses auteurs.
L'intérêt du jus de cranberry dans la prévention des infections urinaires est remis en cause
Les
infections urinaires sont dues à des germes qui affectent la vessie (on parle de cystite) et parfois les reins (pyélonéphrite). De nombreux travaux ont été menés pour évaluer l’impact du jus de canneberge en prévention de ces infections, et les résultats ont conduit leurs auteurs à conclure à son intérêt. Le mécanisme d’action n’a jamais vraiment été identifié mais la théorie communément admise était que certains sucres et composés de la canneberge (les proanthocyanidines) empêchaient les bactéries de se fixer aux parois des voies urinaires.La précédente revue de la littérature réalisée par Cochrane Library date de 2008. À l’époque, elle avait conclu que les canneberges étaient légèrement bénéfiques en
prévention des récidives d’infections urinaires (plus de 3 épisodes par an).Cranberry : pas de bénéfices en prévention des infections urinairesLa nouvelle analyse a porté sur 24 essais, soit 14 de plus qu’auparavant, portant au total sur 4 473 femmes. Les participantes ont été séparées en deux groupes, selon qu’elles recevaient un traitement à base de canneberges (jus, comprimés ou gélules), un autre produit (placebo, eau, antibiotiques, lactobacilles), ou rien.Si certaines études ont pu montrer un léger bénéfice chez les femmes victimes d’infections urinaires à répétition, celles-ci devaient consommer au moins deux verres de jus de canneberge par jour pendant de longues périodes pour que le traitement s’avère légèrement efficace. Or, de nombreuses participantes ont abandonné ce traitement, jugé trop contraignant sur la durée. Pour les auteurs, “ces résultats suggèrent que le jus de canneberge est moins efficace en prévention des infections urinaires que ne le laissait penser la dernière revue de la littérature“.Quant aux autres formes contenant de la canneberge (comprimés ou gélules), la teneur en principe actif est rarement mentionnée, ce qui empêche de déterminer la teneur à laquelle elles pourraient être efficaces, ajoutent-ils.Ils concluent à l’inutilité de conduire d’autres études sur le sujet, “la majorité des études existantes indiquant que le bénéfice est au mieux faible et présentant un large taux de défection de la part des participantes“. Des travaux pourraient en revanche s’avérer utiles sur les autres formes de traitements à base de canneberge, mais seulement chez les femmes sujettes aux infections urinaires récidivantes et seulement si les produits contiennent les doses recommandées de principe actif, suggèrent-ils.L’ANSM parlait d’une “allégation abusive“ en mars 2011L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, santé, travail (Anses) avait peu ou prou abouti à la même conclusion dans son avis rendu en mars 2011 : elle indiquait alors que “les données expérimentales obtenues in vitro montrent que les proanthocyanidines présentes dans la canneberge ont un effet inhibiteur sur l’adhésion de certaines bactéries responsables d’infections urinaires (E. coli) aux cellules épithéliales urinaires. Cependant, les données cliniques, disponibles à ce jour, ne permettent pas de conclure que la consommation de canneberge ait un effet préventif sur les infections urinaires“. Elle concluait alors qu’“une telle allégation serait abusive au regard des connaissances actuelles“.Amélie Pelletier
Source
– “Cranberries for preventing urinary tract infections“, The Cochrane Library, 17 octobre 2012 (
résumé en ligne).- “Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à l’évaluation des effets potentiels de la canneberge dans le champ des infections urinaires communautaires“, 18 mars 2011 (
téléchargeable en ligne).Click Here: Geelong Cats Guernsey
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