La mémoire est un processus complexe qui recèle encore bien des mystères. D’ailleurs, une équipe de chercheurs allemands vient de faire une découverte surprenante : il semblerait que pour un apprentissage optimal, une petite sieste soit nécessaire…La sieste bénéfique à la mémorisation
A la base, l’équipe de Bjorn Rasch de l’Université de Lübeck a cherché à comparer l’efficience des processus d’
apprentissage selon l’état du cerveau : éveillé ou
endormi. Pour ce faire, les chercheurs ont demandé à 24 personnes (non fumeurs et âgés en moyenne de 22,3 ans) de mémoriser 15 paires de cartes représentants des images d’animaux et d’objets courants. A noter que la phase d’apprentissage était associée à un stimulus olfactif.
Ensuite, les participants ont été divisés en deux catégories : pour la moitié d’entre eux, direction les bras de Morphée pour un petit somme de 40 minutes. A noter que lorsque les participants se trouvaient en phase de sommeil profond (mesuré via une IRM), le stimulus olfactif leur était représenté.
Pour les autres participants, il leur a été demandé d’effectuer une tâche motrice qui ne nécessite pas d’apprentissage durant laquelle leur était également présenté le stimulus olfactif. Puis, après une période similaire à celle des dormeurs, une autre série de 15 cartes légèrement différentes des premières leur a été présentée.Enfin, il a été demandé à tous les participants de se rappeler les 15 cartes. Résultat, les dormeurs affichaient un taux de réussite de 85 % environ contre 60 % pour les autres participants.Vers des applications thérapeutiques ?Ces résultats infirmaient l’hypothèse de travail des chercheurs très surpris : “Contrairement à notre hypothèse de base, la réactivation (NDLR : présentation du stimulus olfactif) durant le sommeil n’a pas perturbé mais au contraire stabilisé les représentations mémorielles. (…) Nous pensons que les réactivations de souvenirs durant le sommeil profond facilitent le transfert de nouvelles représentations mémorielles depuis l’hippocampe jusqu’aux sites de stockage sur le long-terme du néocortex. Ainsi, ces données seraient protégées des interférences causées par des informations encodées plus tard par l’hippocampe“.Ces résultats, qui restent à confirmer par des études de plus grandes envergures, soulignent l’intérêt de la sieste pour mieux mémoriser ses leçons, faciliter l’apprentissage des langues, etc. Mais les chercheurs y voient également une perspective thérapeutique pour les victimes de syndrome de stress post-traumatique, ce mécanisme leur permettant de reconfigurer leurs souvenirs.Yamina SaïdjSource : “Labile or stable: opposing consequences for memory when reactivated during waking and sleep“, Björn Rasch et al, Nature Neurosciences, 23 janvier 2011 (lire le
étude disponible en ligne)
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