“Je redoute les fous rires…“, “je vais aux toilettes 15 fois par jour“ … Julie, Anne-Sophie, Florence sont des jeunes femmes qui n’osent pas poser de mots sur les troubles dont elles souffrent : l’incontinence. Comme pour des milliers de personnes, jeunes ou moins jeunes, cette pathologie est une véritable souffrance, un handicap quotidien. Elles nous en parlent. Témoignages.

Julie, 20 ans : Je redoute les fous rires…
Je suis une bonne vivante, mais je redoute aujourd’hui de me retrouver avec un groupe d’amis pour passer une soirée. Lorsque je ris, je ne peux m’empêcher de faire pipi dans ma culotte. C’est super gênant… Je ne sais plus comment m’habiller, hors de questions de mettre un pantalon clair. J’ai tellement honte, qu’est-ce que je peux faire ? L’avis du médecin : Il faut en parler tout simplement ! Le problème que Julie évoque est beaucoup plus fréquent que l’on croit et il n’y a aucune honte à avoir. Il s’agit d’incontinence, une pathologie qui peut toucher des personnes de tout âge. Au total, 3 à 5 millions de femmes sont concernées. Julie souffre d’incontinence d’effort, ses muscles du périnée sont trop faibles pour maintenir le système fermé convenablement et les fuites s’ensuivent. Ce type d’incontinence se manifeste lorsqu’on rit ou lorsque l’on fait de l’exercice. Mais des solutions existent. Rééducation, médicament, chirurgie, un urologue proposera à Julie un traitement adapté à son cas.
Hélène, maman d’un petit Mathieu : Mon fils a 2 ans et j’ai toujours des fuites
J’ai accouché sans aucun problème de mon petit garçon, il y a près de deux ans. Aujourd’hui, tout va bien si ce n’est que j’ai toujours des petites fuites urinaires. Dès que j’éternue, que je me mets à courir pour attraper le bus ou que je porte mon petit bonhomme qui commence à faire son poids, c’est la catastrophe. J’ai fait des séances de rééducation périnéale juste après l’accouchement et pensais que ça passerait, mais j’avoue que maintenant je trouve le temps long.L’avis du médecin : Il n’y a aucune raison de supporter des fuites urinaires par fatalité ou parce que ça paraît normal après une grossesse. En effet, la grossesse peut favoriser l’apparition d’une incontinence, c’est l’une des raisons pour laquelle on prescrit souvent une rééducation : elle n’est pas douloureuse et est efficace dans 80 % des cas. Si l’incontinence perdure après les séances de kinésithérapie, il est impératif de mettre en oeuvre des traitements adaptés. Votre médecin vous orientera vers un spécialiste.
Anne-Sophie, 35 ans : j’ai toujours envie de faire pipi et les traitements ne me servent à rien
On dit qu’il faut boire un litre et demi d’eau par jour, mais pour moi, c’est impossible. Dès que je bois, et je dis bien dès que je bois, il faut que j’aille aux toilettes. Je ne parle même pas d’un café qu’on me propose lorsque je vais à un rendez-vous professionnel. Pas question d’accepter… ou alors je dois m’absenter deux minutes plus tard. Je n’arrive vraiment pas à me retenir. Mon mari me dit que ça doit être le stress. Est-ce normal ?L’avis du médecin : Non ce n’est pas normal, on parle dans votre cas d’incontinence par impériosité. Le stress ne peut pas être à l’origine d’une incontinence, mais il peut l’aggraver. L’hyperactivité de la vessie qui se contracte sans raison entraîne ces besoins d’uriner permanents et extrêmement nuisibles à une vie sociale normale. Si les médicaments habituellement proposés ne vous permettent pas de retrouver une vie normale, votre urologue peut vous proposer la neuromodulation. Il s’agit d’un petit dispositif qui délivre en continu des impulsions électriques indolores de façon à restaurer le contrôle mictionnel. Ce « pacemaker » est posé sous anesthésie locale, après des examens et un test d’efficacité.
Florence, 24 ans : je vais aux toilettes 15 fois par jour !
J’ai peur d’être incontinente car je vais très souvent aux toilettes et j’ai beaucoup de mal à me retenir. Je n’ai pas de fuite mais c’est une obsession. Je pense que j’y vais 15 fois par jour. Je n’ai que 24 ans et je n’ai pas eu d’enfant. Est-il possible que je sois incontinente ou est-ce que ça n’arrive qu’aux femmes plus âgées ? Ma mère connaît les mêmes problèmes, est-ce que ça peut être héréditaire ?L’avis du médecin : Le cas de Florence ressemble beaucoup à celui d’Anne-Sophie, il s’agit certainement d’une incontinence par impériosité. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas réservé aux femmes plus âgées : les femmes plus jeunes et les hommes peuvent être touchés. Par ailleurs, de plus en plus d’études laissent à penser qu’il existe un facteur héréditaire, il est donc possible que Florence ait « hérité » des soucis de sa maman. L’incontinence par impériosité se traite en premier par des médicaments. S’ils ne sont pas efficaces ou mal tolérés, les médecins proposeront la rééducation et en cas d’échec, la neuromodulation.
Catherine, mère d’une adolescente de 16 ans : Ma fille vit un enfer.
Click Here: cheap nrl jerseysJ’ai 45 ans et je suis maman d’une ado de 16 ans. Je me suis rendu compte qu’elle me cachait son linge et mettait des serviettes hygiéniques même quand elle n’avait pas ses règles. A force de la questionner – et vous vous savez ce que c’est que questionner une ado…- j’ai compris qu’elle faisait pipi dans sa culotte au moindre effort. Elle me dit que cela lui arrive quand elle tousse, qu’elle éternue, qu’elle rit… Elle qui était très sportive a arrêté ses entraînements d’athlétisme sous prétexte que ça lui prenait trop de temps. Je comprends aujourd’hui qu’elle ne peut plus courir ou sauter sans avoir des fuites. Comment l’aider ? Elle ne veut pas en parler, elle a honte. L’avis du médecin : Il est évident qu’il ne faut pas la laisser s’enfermer dans sa souffrance. La pratique de certains sports de façon intensive chez les jeunes adolescentes peut provoquer une incontinence précoce et la seule solution est d’en parler pour dédramatiser la situation. Consulter un médecin lui permettra de bénéficier d’un traitement adapté à son incontinence. Il suffit souvent d’une simple rééducation pour que tout rentre dans l’ordre.
Anne 42 ans : comment choisir son traitement ?
Il m’a fallu du temps pour l’admettre mais maintenant, je sais que ce que j’appelais de petites fuites, c’est de l’incontinence. Eh oui, à 42 ans c’est un peu dur à avaler mais voilà, je ne vais pas me laisser abattre et surtout j’ai décidé qu’il fallait que je me fasse soigner. Quelles sont les solutions ? Il y a des médicaments mais je ne sais pas s’il faut les prendre toute sa vie. Est-ce que la rééducation comme après un accouchement peut servir à quelque chose ? A qui est réservée la chirurgie ? Aidez-moi ! Merci d’avance.
L’avis du médecin : La base du traitement de l’incontinence est la rééducation périnéale. Au sein de la rééducation il y a déjà plusieurs techniques (manuelle, biofeedback, électro-stimulation…) et il faut trouver celle qui convient le mieux à chacune. Si la rééducation ne suffit pas, les traitements diffèrent selon qu’il s’agit d’une incontinence d’effort, d’une incontinence liée à une instabilité vésicale (impériosité) ou d’une incontinence mixte (c’est-à-dire incontinence d’effort et par impériosité). Pour traiter une hyperactivité vésicale, on commence toujours par proposer des traitements médicamenteux (des anticholinergiques) qui dans de très nombreux cas ne permettent pas une guérison complète, une chirurgie est alors envisagée. L’opération qui est pratiquée dans le cas d’une incontinence d’effort consiste à poser une bandelette sous urétrale TOT ou TVT. Dans le cas d’une incontinence par impériosité ou d’une incontinence mixte, on dispose aujourd’hui de la technique de neuromodulation, efficace et très bien supportée par les patients.
Juliette Lauzanne

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