Les infections à chlamydiae sont connues pour être à l’origine de nombreux problèmes chez les femmes : infertilité, grossesses extra-utérines… On a longtemps cru que les hommes étaient largement épargnés. Mais des chercheurs viennent de prouver que ces bactéries peuvent hypothéquer leurs chances de devenir un jour père !

On sait depuis longtemps que, malgré l’absence desymptômes, une infection aux chlamydiae peut entraînerl’infertilité féminine. Mais selon une étudesuédoise, on ne peut pas accuser ces bactéries desexisme : elles mettraient également en péril lafertilité des hommes.La fertilité du couple en dangerUne équipe de chercheurs scandinaves et suédois (1) arecherché chez 244 couples infertiles la présenced’anticorps (anticorps IgG), témoignant d’une infectionpassée ou persistante à Chlamydia trachomatis. En casde tests positifs, l’ADN de la bactérie a égalementété recherché dans les urines. Les couples ontensuite été suivis en moyenne pendant trois ans.Résultats : Les chercheurs ont trouvé des anticorpscaractéristiques chez près d’un quart des femmesinfertiles et chez un cinquième des hommes infertiles maischez seulement 15,6 % des amants qui avaient eu un enfantnaturellement. Chez les couples infertiles porteurs d’anticorps,7,1 % des hommes et 6,8 % des femmes présentaientégalement de l’ADN chlamydia dans leur urine, témoind’une infection active. Sur la totalité des participants,cette présence dans l’urine était de 3,7 % contreplus de 13 % chez les partenaires infertiles.“Comme prévu, nous avons mis en évidence uneproportion élevée d’anticorps témoin d’uneinfection à Chlamydia trachomatis chez les couplesinfertiles en comparaison avec les fertiles“ déclare le Pr.Jan Olofsson, principal auteur de l’étude.Un mécanisme à mettre à jourChez les femmes, les chlamydioses ont étéreliées à des infertilités tubaires (affectantles trompes de Fallope), confirmant ce que l’on savaitdéjà. Plus étonnant, la présence de cesanticorps chez les hommes réduit d’un tiers leurs chancesd’être père. Curieusement, l’infection masculine n’estpas liée à des infertilités tubaires de leurspartenaires.Un autre mécanisme spécifiquement masculin seraitdonc à l’œuvre : diminution de la motilité dusperme, présence d’infection concurrente ou nondétectée… Les auteurs ne peuvent actuellementavancer que des hypothèses. Notons cependant qu’une fois laconception réalisée, l’infection ne l’affectaitaucunement, qu’il s’agisse de conception naturelle ou defécondation in vitro (FIV).A la lumière de ces résultats, les auteursprônent un dépistage des chlamydiae chez les deuxpartenaires consultant pour infertilité. Cet examenpermettrait de mieux évaluer leurs chances d’enfanter maiségalement d’engager le cas échéant untraitement de ces infections avant de recourir aux techniques deprocréation médicalement assistée (PMA).Cependant, de plus amples études devront préciserl’utilité d’un tel traitement préalable sur leschances de grossesse.Un homme sur dix concerné !En France, aucun dépistage systématique deschlamydiae n’est pratiqué. Il est ainsi bien difficiled’avoir une idée du nombre de personnes atteintes puisquecette infection n’est généralementdiagnostiquée qu’au stade d’épididymite (chezl’homme) et de salpingite voire d’infertilité chez la femme.On sait cependant que ces bactéries sont plusfréquemment retrouvées chez les plus jeunes. Lerisque d’infection est six fois plus important chez les femmes demoins de 20 ans. Selon les dernières estimations nationales(2) datant de 1997, 2,3 % des femmes seraient concernées et4,1 % des hommes. Depuis 1990, ces infections sont en baisse chezla femme mais chez l’homme, une augmentation des cas avaitété notée en 1997. Ces chiffres pourraientêtre largement sous-estimés.Une étude conduite en Ecosse (3) sur des recrues del’armée a révélé une proportion de 9,8% d’hommes infectés, des chiffres largement au-dessus deschiffres français. De plus, 88 % des jeunes militairesinfectés ne présentaient aucun symptôme, alorsque l’on a l’habitude de considérer que seules 50 % desinfections sont asymptomatiques. Même s’il est difficile detransposer ces résultats en France, ces deux étudessoulignent la nécessité d’informer le grand publicsur ces infections largement méconnues et d’élargirleur prise en charge aux hommes.Ce manque d’information est d’autant plus regrettable que ledépistage ne nécessite qu’un test urinaire indolore.Enfin, le traitement antibiotique est particulièrementefficace, à condition qu’il s’applique au malade maiségalement à sa, son ou ses partenaires sexuels. Maisface à ces infections sexuellement transmissibles, lepremier atout reste, bien entendu, le préservatif remisà l’honneur lors de la dernière campagneorganisée par l’Institut national de prévention etd’éducation en santé (INPES) en décembre2003.David Bême
1 – Human Reproduction19 ; 5 :1121-1126
2 – BEH n°16/1999 – Réseau Renachla
3 – Lancet 24 May 2003, vol.361, p.1792Click Here: Geelong Cats Guernsey

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